Soixante-dix Nations

De Wikinoah Francais
Révision de 5 janvier 2009 à 03:48 par Dovid (discussion | contributions)

(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Aller à : navigation, rechercher

Selon le Talmud, nous apprenons de la liste des descendants de Noé qu'il existe soixante-dix nations dans le monde. Cette tradition du nombre des nations dans le monde possède des racines profondes. Selon le Midrach, chacune des soixante-dix nations sont placées sous la protection d'un ange spécial, à l'exception d'Israël, dont le Protecteur est D-ieu Lui-même.

À l'époque du Temple de Jérusalem, les soixante-dix taureaux sacrifiés sur le Tabernacle étaient offerts afin d'expier les fautes des soixante-dix nations. “Malheur aux nations !” s'écrit Rav Yo'hanan ; “car elle subissent une perte [en ayant détruit le Tempe] et elle ne réalisent pas l'étendue de cette perte. Aussi longtemps que le Temple existait, l'autel [les sacrifices] réparer leurs fautes ; maintenant [que le Temple est détruit], qui expiera leurs fautes ?”

Selon de nombreux commentateurs, ce concept semble trouver son origine dans le verset du Deutéronome 32:8 où il est dit que D-ieu “fixa les limites des peuples [des soixante-dix nations] d'après le nombre des enfants d'Israël”, c'est-à-dire les soixante personnes qui descendirent en Égypte avec Ya'aqov.

Les soixante-dix membres du Sanhédrin (la Cour de Justice de la nation juive à l'époque du Temple) correspondent également aux soixante-dix nations du monde La loi juive exigeait que chaque membre du Sanhédrin ait une connaissance suffisante des soixante-dix langues afin de pouvoir écouter – et comprendre – un témoignage sans l'aide d'un interprète.

Les soixante-dix langues

Il existe une discussion entre Rabbi Éléazar et Rabbi Yo'hanan en ce qui concerne les langues qui étaient parlées avant le déluge. Selon Rabbi Éléazar, chaque nation possédait sa propre langue, même si elle était comprise par les autres nations. Selon Rabbi Yo'hanan, seul l'hébreu était parlé.

Un commentaire digne d'intérêt à propos des caractéristiques des différentes langues parlées dans le monde est formulé par Jonathan de Bet Gubrin. “Il existe” dit-il, “quatre langues qui devaient certainement être utilisées dans le monde entier : le grec pour la poésie, le latin pour la guerre, l'araméen pour le chant funèbre et l'hébreu pour le discours général.” Selon d'autres avis, même si certains caractères du langage assyrien peuvent lui être empruntés, il ne s'agit pas d'une langue authentique.

Selon la Hagada (littérature talmudique qui ne concerne pas la loi juive), les anges comprennent toutes les langues du monde, à l'exception de l'araméen ; par conséquent, il n'est pas conseillé de prier en utilisant cette langue. L'ange Gabriel semble une exception à cette règle car selon la Hagada, c'est grâce à lui que Joseph connaissait les soixante-dix langues du monde. “Les astrologues,” narre la Hagada, “dirent à Pharaon : 'Comment ? Un esclave qui fut acheté pour vingt pièces d'argent nous dirigerait ?' Pharaon répondit : 'C'est que je trouve en lui des qualités royales !' 'Si tel est le cas,' répondirent les astrologues, 'il doit certainement connaître les soixante-dix langues.' Immédiatement, l'ange Gabriel vint lui enseigner les soixante-dix langues du monde.”

La Tora fut rédigée en soixante-dix langues afin de permettre aux nations du monde de la lire et de ne pas invoquer l'ignorance comme excuse pour la rejeter. Parmi les soixante-dix langues, la plus noble est l'hébreu car elle fut prononcée par D-ieu Lui-même.

De la même façon qu'il y avait soixante-dix nations, les mots de la Tora gravés sur les Tables sur le Mont Ebal furent rédigés en soixante-dix langues afin de permettre aux nations du monde de les lire. Pour la même raison, la voix de D-ieu au Mont Sinaï s'était divisée elle-même en soixante-dix langues.

Parallèles avec les soixante-dix nations

Selon le Rav David Feinstein, il existe de nombreux parallèles aux soixante-dix nations : les soixante-dix langues dans lesquelles la Tora fut traduite ; les soixante-dix sacrifices du Tabernacle ; les soixante-dix membres du Sanhédrin…

De fait, à propos du verset : “[D-ieu] fixa les limites des peuples [des soixante-dix nations] d'après le nombre des enfants d'Israël”, les Sages relèvent que D-ieu établit soixante-dix nations car la famille de Jacob qui descendit en Égypte était composée de soixante-dix personnes. Pour quelle raison le nombre des nations doit-il correspondre au nombre des juifs ? De plus, à la fin des quarante années passées dans le désert, Moché expliqua la Tora au peuple juif en utilisant les soixante-dix langues. Pour quelle raison fit-il cela tandis que les personnes qui l'écoutaient parlaient toutes l'hébreu ?

Chacune des soixante-dix nations possède une caractéristique unique. Comme les Sages l'ont dit : telle nation excelle dans l'art de la guerre, une autre dans la débauche, une autre dans la beauté… Toutes ces vertus nationales et différents aspects de caractères se retrouvent également dans le peuple d'Israël ; de fait, chaque personne possède des dons à développer et des tentations à surmonter. D-ieu désire que toutes les nations s'élèvent au maximum de leur potentiel spirituel.

Ces variations étaient présentes dans les soixante-dix personnes de la famille de Jacob qui descendirent en Égypte. Les soixante-dix langues utilisées pas Moché font le parallèle aux soixante-dix différents aspects de la Tora ; chacun de ces aspects s'adresse plus particulièrement à une des soixante-dix nations avec lesquelles D-ieu a rempli le monde. (Il est également possible de suggérer que chacun des soixante-dix sacrifices du Tabernacle expiait les transgressions de chacune des soixante-dix caractéristiques nationales présentes chez Israël. Conséquemment, les nations du monde bénéficiaient de cette expiation universelle.

Israël, en sa qualité de modèle spirituel pour le monde, devait démontrer en lui-même que l'éminence est à la portée de chaque nation et que chaque personne peut vivre une vie de Tora.

Par conséquent, une partie importante de la vie juive tourne autour du nombre soixante-dix qui symbolise le fait que chaque trait national peut être harnaché pour un objectif saint.

Portrait des Nations

La majorité des académiciens palestiniens et babyloniens considéraient la description ethnologique biblique comme une simple description historique, énumérant – sans prétendre à la perfection – les descendants de Noé. Cette description permettait de connaître les lieux géographiques que ces descendants avaient choisis pour y résider.

Ceci est exprimé d'une façon claire par R. Huna de Sepphoris à propos du verset (Cantique des Cantiques 6:8) : “Les reines sont au nombre de soixante, les concubines de quatre-vingts et innombrables sont les jeunes filles.” Selon R. Huna, ce verset fait allusion aux nations du monde et à leurs langages ; il écrit : “Soixante et quatre-vingt font cent quarante. De ces cent quarante, soixante-dix nations possèdent chacune un langage distinct, mais pas une écriture distincte. Des soixante-dix autres nations, chacune possède un langage et une écriture distincts. Quant aux nations qui possèdent ni un langage ni une écriture distincts, elles sont innombrables” (Cant. R.I.c.).

Dans un Midrach plus récent, le Midrach haGadol, il est déduit du même verset qu'il existait seulement soixante nations originelles, ce qui élimine du tableau ethnologique les nations qui descendent de Japheth, Gomer, Javan, Ham, Cush, Raamah, Shem, Mizraim, Aram et Joktan. En ce qui concerne les langages, le Midrach haGadol en compte soixante-douze, ce qui correspond au décompte des autorités chrétiennes. “Le nombre total des pays que les enfants de Noah divisèrent entre leurs descendants était de 104 ; le nombre d'îles était de 99 ; les langages : 72 et les écritures : 16. À Japheth, revint 44 pays, 33 îles, 22 langages et 5 écritures. Ham reçut 34 pays, 33 îles, 24 langages et 5 écritures. Shem eut 26 pays, 33 îles, 26 langages et 6 écritures.”

L'hypothèse haggadique selon laquelle il existait soixante-dix nations et langages dans le monde est basée sur la description ethnologique donnée dans le 10ième chapitre de la Genèse. Dans cette description, les soixante-dix petits-fils de Noé sont énumérés ; chacun devenant l'ancêtre d'une nation. Les premiers auteurs chrétiens se servirent également de cette description afin de déterminer le nombre existant des nations et des langages. Cependant, contrairement au total offert par la plus ancienne des traductions de la Bible (des cinq livres de Moïse), d'après leur décompte il existait soixante-douze petits-fils de Noé et par conséquent, il devait exister un nombre identique de nations et de langages (consulter Augustin, "De Civitate Dei" ; Anio, dans son commentaire à propos du deuxième livre de Berosus ; comp. Azariah dei Rossi, "Me'or 'Enayim, Imré Bina," xlviii).

La Hagada semble avoir suivi dans ce cas la théorie des hellénistes qui considéraient la description ethnologique comme une division scientifique et complète de l'humanité en trois races, réparties parmi trois zones distinctes. Cette théorie est développée dans le “Livre des Jubilés” selon lequel : “au début du 33ième jubilé, ils divisèrent la terre en trois parties entre Shem, Ham et Japheth, selon leur héritage” (ch. 8).

Énumérer les nations

Il existe une différence d'opinion à propos de la façon de compter les soixante-dix nations selon les versets bibliques. Un décompte des noms – incluant ceux de Shem, Ham et Japheth – permet d'arriver au total de soixante-quatorze.

Selon le décompte le plus courant (qui se base sur Pesikta Zutresa et Tora Chelema 9:110), il faut attribuer 14 nations à Japheth ; 30 à Ham et 26 à Shem, pour un total de soixante-dix. Shem, Ham et Japheth eux-mêmes sont omis, comme cela est également le cas pour les philistins qui – selon le verset 10:14 de la Genèse – sont désignés comme étant une race mélangée. D'autres incluent les philistins, mais omettent Nimrod duquel une nation distincte ne descendrait pas.

Le Yalqouth Chim'oni (61) attribue 15 nations à Japheth, 32 à Ham et 27 à Shem, pour un total de 74. Cependant, Shem, Arpachshad, Shelach et Ever étaient trop vertueux pour être comptés parmi les autres, ce qui nous laisse de nouveau avec un total de 70.

Identifications

Plusieurs tentatives furent faites par les autorités rabbiniques afin d'identifier ces nations qui n'étaient pas connues du lecteur moyen. Les Targoumim – à propos des versets de la Genèse (ch. 10) et du livre I des Chroniques – ainsi que le Talmud de Babylone et le Talmud de Palestine et divers Midrachim, interprètent de nombreux noms des nations bibliques à la lumière de leur savoir géographique et ethnologique. Les liens indiqués ci-dessus dressent la liste des identifications rabbiniques selon Samuel Krauss ; dans cette description, la deuxième colonne indique les pays ou lieux géographiques avec lesquels les différentes “nations” sont associées.

Les fils de Shem ne furent pas identifiés par les autorités rabbiniques car ils étaient déjà connus et des nations canaanites, seulement les lieux suivants sont donnés : Arthasia (ville de Phoenicia) ; Gebalene (en Édom) ; Acra (au Liban) ; Aradno (en Phoenicia) ; Emesa (en Syrie) ; Epiphania (en Syrie) ; Callirhoe (à l'est de la Mer morte) ; Sidon ; Tripoli (Phoenicia) ; Chypre.